Aucun sujet sensible de la rédaction d’Envoyé spécial n’échappe à la chaîne de commandement suivante : ministère de l’Intérieur (et non pas le ministère de la Culture et de la Communication, qui compte pour du beurre) – direction de France Télévisions – direction de l’Information. L’astuce qui donne l’illusion de liberté d’expression de cette émission est simple : tous les sujets à risque peuvent être traités, mais de la bonne façon. Pour le reste, les macarons, les vacances et les pizzas, le traitement est libre.
Françoise Joly, en plateau pour les 15 ans d’Envoyé Spécial : « La vocation d’Envoyé spécial, c’est de raconter des histoires. […] Envoyé spécial c’est parfois un an d’investigation. […] Par exemple quand Emmanuelle Béart a fait le tourisme sexuel en Thaïlande, c’est elle qui a voulu nous rencontrer… Et Chouraqui sur l’antisémitisme c’est lui qui est venu. » (Plus Clair, Canal+, 29 janvier 2005)
Guilaine Chenu, en plateau pour les 20 ans d’Envoyé Spécial : « On raconte plus exactement les histoires de la même façon. Ça peut paraître étrange de dire ça mais l’arrivée de la télé réalité, même si elle concerne pas notre secteur l’information, elle a bousculé les codes quand même à la télévision… Et tout ce concept, les vrais gens, la vraie vie et tout, et ça nous a interrogés sur mais nous en reportage est-ce que nous on arrive à approcher cette vraie vie ? » (Pop Com, Canal+, 9-16 mai 2010)
C’est pourquoi depuis plus de 25 ans, jamais Envoyé spécial n’a dérogé à cette règle : on ne froisse pas le pouvoir. Même si des pouvoirs intermédiaires, corps constitués, communautés ont pu être froissés, tels l’armée ou l’église. Mais dès que ça touche la Défense ou à l’Intérieur, la rédaction s’aligne. Simplement, elle s’aligne de manière intelligente, en ne reprenant pas mot pour mot la version officielle.
Sur la tuerie de Charlie Hebdo, flanquée de la tuerie de l’Hyper Casher, pas un sujet sur les incohérences qui pourtant foisonnent. Sans même verser dans un début de complotisme. Il semble que des connections ne soient pas faites à la rédaction, même si elles appellent à la plus grande prudence. Personne ne remet en cause l’attentat commis par trois personnes, fichées et suivies par le Renseignement depuis des années, dont la surveillance a été levée, et dont le commanditaire, au Yémen (!), s’est opportunément fait éliminer par un tir de drone américain. Et hop, on referme la boite, avec toutes les questions à l’intérieur.
Le fameux reportage de Thierry Vincent sur l’antisémitisme supposé des Français
Si le rôle d’Envoyé spécial n’est pas de faire des hypothèses, on peut arguer que la version servie aux Français depuis un an est une hypothèse, reprise aveuglément, ou presque, par l’écrasante majorité des médias. Il serait intéressant de croiser cet « attentat » avec le sujet diffusé jeudi 15 octobre 2015, qui parlait – encore une fois – des angoisses de la communauté juive française. Et si, pour une fois, courageusement, allant contre le sens du vent (ce sont plutôt les faits qui allaient contre le discours dominant), le journaliste reporter Thierry Vincent prouve que la France n’est pas un coupe-gorge pour nos compatriotes juifs (un responsable de la communication d’un groupe israélien orthodoxe a comparé Paris à « Ramallah »), un sujet dans le sujet nous interpelle : une famille juive française décide de faire son Aliyah. Ils sont déjà 10 000 (officiellement) à avoir choisi le grand départ vers Israël en 2015 (contre 7 000 en 2014), parce que la France serait devenue trop dangereuse pour les juifs. Une montée en Israël qui finit parfois en descente... beaucoup moins médiatisée.
Les parents des trois enfants citent, dans l’ordre, les affaires Halimi, Merah, et Hyper Casher. N’importe quel esprit « non malade » et tout simplement curieux ferait le lien entre cette série « d’attentats » extrêmement surprenante et l’augmentation des « montées vers Israël ». C’est d’ailleurs ce que Netanyahu a déclaré, en substance, à de nombreuses reprises, sous Sarkozy et sous Hollande : la France est un pays dangereux (ou islamisé), juifs de France, (re)venez à la Maison. Avant de présenter ses excuses aux présidents en question, une fois le mal fait, c’est-à-dire la séparation des juifs de France de la communauté française. Oui, le Premier ministre israélien vient faire son marché en France, au nez et à la barbe de ses responsables et représentants, sans que personne ne lève la voix. Une ingérence, un viol de souveraineté impensable ailleurs. Et encore moins dans l’autre sens : et si Hollande appelait les Français d’Israël à venir en France, pour échapper à un pouvoir extrémiste, et une situation de guerre permanente ? Mais Hollande n’est pas Mitterrand, et encore moins de Gaulle…
Le discours de la mère de famille candidate au départ, présente l’affaire Halimi comme le premier choc (2006) ; l’affaire Merah (2012) fait germer l’idée de départ, que la tuerie de janvier (2015) accomplit définitivement. Et dans cette action terroriste en trois actes et neuf ans – terrorisme sans revendication claire – qui vise d’abord un juif tout seul, puis trois enfants juifs parmi six victimes, et enfin quatre juifs parmi 19 victimes, dont plusieurs célèbres, on sent une montée de la pression, une gradation vers un résultat éclatant : l’accélération des Aliyah. Autrement, on ne voit rien d’autre. Aucune revendication claire d’aucun groupe terroriste identifié à vitrine politique identifiable. Rien. Juste un groupe – exécutants et commanditaires – très nébuleux au départ, aux liens prouvés avec le Renseignement, et qui part en fumée juste après l’action.
- Le bonheur de quitter la France, pays infesté d’antisémites, pour Israël
Envoyé spécial, dans ce qu’on peut analyser comme un empressement à corriger la première impression donnée au téléspectateur (la France n’est définitivement pas un pays antisémite), ajoute un reportage sur la montée « indéniable » de l’antisémitisme en France. Une information pourtant basée sur des chiffres douteux, émis par des associations communautaires non républicaines. Tout comme les chiffres des exactions de l’armée syrienne d’Assad en Syrie, relevés par une seule source, d’opposition, qui fleure bon la manipulation et les intérêts américains, selon le schéma irakien de 2003.
Le sujet en deux parties contradictoires peut se comprendre : pour ne pas aller plus loin dans la « réalité » de l’antisémitisme en France, ce qui aurait pu conduire à des commanditaires imprévus, il fallait tout de suite mettre un couvercle sur la marmite, et ajouter le sempiternel reportage sur la galaxie antisémite, avec un nouvel expert, très technologique, les autres s’étant quelque peu grillés à la longue (voir la séquence désastreuse pour Jean-Yves Camus, « spécialiste de l’extrême droite et de l’antisémitisme »). Le devoir d’information cadre mal avec les besoins de la propagande. L’information s’arrête là où commence la propagande, ou les intérêts de l’État.
Ainsi, Envoyé spécial tente-t-il une approche différente du sujet « antisémitisme », mais se rétracte dès que ça prend une tournure non conforme aux directives de l’Élysée et de Matignon. C’est-à-dire, un cran plus haut, pourquoi le cacher, de Benyamin Netanyahu. Dans ce cas, doit-on comprendre que si plus de juifs ne quittent pas la France rapidement, un énorme attentat antijuif verra le jour à Paris ? Est-ce cela que les « spécialistes » du Renseignement l’un après l’autre nous serinent depuis des mois ?
Mais quelle mouche pique donc les méchants « islamistes » français pour remplir autant la besace israélienne ? N’est-ce pas là quelque chose qui va contre les intérêts des fondamentalistes musulmans – dont ils se réclament –, qui devraient théoriquement œuvrer à l’affaiblissement militaire et démographique d’Israël ? Pourquoi contribuer à alimenter l’Aliyah ? La communauté juive de France, « visée » par ces « attentats » depuis une décennie, durcit sa position, se sent menacée, et se jette dans les bras des associations ultrasionistes, complètement alignées sur la politique israélienne. Même si officiellement, le CRIF « condamne » les appels à l’Aliyah de Netanyahu, en les « comprenant ». Pour un peu, on penserait que ces attentats sont organisés par le CRIF ! Heureusement, ce n’est pas le cas. Mais reconnaissons qu’ils servent – malheureusement – ses intérêts.
Décidément, si l’on s’en tient à la version officielle défendue par Envoyé spécial, rien ne tient dans ce château de cartes pour enfants. Les magazines d’information, que ce soit Envoyé spécial, Complément d’enquête (plus politique) ou Cash investigation (qui fait plus dans la défense du consommateur) possèdent tous les mêmes vices de fabrication. Dès le départ, dans leur ADN, et malgré leurs tentatives que l’on peut qualifier d’honnêtes, l’interprétation globale et durable est vouée à l’échec. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Sur les dix dernières années, nous avons visionné une grande partie des sujets « chauds » de l’émission créée par le duo Nahon & Benyamin (Bernard Benyamin, pas Benyamin Netanyahu), qui en sont restés à un niveau d’explication superficiel, ou qui ont essayé de faire tenir, tant bien que mal, des versions officielles percées de toutes parts. On comprend alors le virage « entertainment » du magazine (les banquets à volonté, la folie des sushis, la folie des macarons, les vacances en Turquie… bientôt la folie des banquets de macarons en Turquie) moins casse-gueule, et aussi bénéfiques en termes d’audience. Car satisfaire aux exigences du pouvoir (que ce soir l’Élysée, Matignon ou le CRIF), met tout de suite en porte-à-faux avec les nouveaux informés du Net, qui sont de plus en plus nombreux.
- La direction (officieuse) de France Télévisions
Pour vérifier cette loi d’airain, les « attentats » français des années 2012-2015 sont un « formidable » laboratoire. Laboratoire pour le journalisme mainstream français à chaud – littéralement pitoyable – et pour le traitement de l’information en profondeur, ou à froid, qui n’a jamais, au final, émis un son de cloche très différent des autorités. Pujadas peut rire de ses ancêtres du JT, qui recevaient le conducteur du 20 Heures par téléphone, directement de l’Élysée : la chaîne de commandement n’a jamais été rompue, elle a juste été assouplie, allongée, prenant quelques virages et souterrains qui ne permettent plus de voir ce câble tendu à haute tension, synonyme de laisse, entre l’Élysée et le siège de France Télévisions. Mais la laisse, plus sournoise, est bien là.
Ce journalisme de transmission, parce qu’on ne peut l’appeler autrement, dispose de moyens confortables pour « travailler » (le budget d’Envoyé spécial à l’unité se monte à 250 000 euros environ). En fait, il s’agit d’habiller la version officielle, avec quelques points de doute, parce que c’est plus vendeur, et que « ça sent » la liberté d’expression et la déontologie.
L’enquêteur du sujet « antisémitisme » du 15 octobre, le fameux Thierry Vincent, a traversé plusieurs villes de France, afin de vérifier si les « Français d’origine immigrée » n’allaient pas le lyncher (eh bien non) ; il a même poussé jusqu’en Israël, retrouver le disciple de Netanyahu qui avait été « harcelé » dans les rues de Paris… Les moyens sont là, pas les résultats.
L’autre journalisme, lui, se débat sans moyens, mais sans laisse, avec de la suite dans les idées, et va justement là où la laisse interdit d’aller. Cette suite dans les idées, c’est ce que les chiens du pouvoir appellent « le complotisme ».
Envoyé spécial, 25 ans de relais du pouvoir
Nous avons sélectionné quelques uns des thèmes récurrents des 10 dernières années – politiques, médiatiques et people – agrémentés de citations emblématiques de l’émission.
1er mai 2003 : vers la féminisation
Réunion de pères dans une crèche : « Moi je dois dire que j’éprouve un plaisir particulier à être appelé papa. »
Le PDG d’une agence de pub : « Le papa est dans le coup. »
Le commentaire : « Y a-t-il en effet plus belle victoire des femmes que de voir ces pères réclamer leur part de biberons et de couches ? »
1er avril 2004 : Mohamed Sifaoui dénonce l’endoctrinement
Reportage à la mosquée de Clamart : « La police ne peut arrêter que les terroristes, mais contre les idéologues, elle reste bien impuissante. »
Suivi d’un reportage sur Marine Le Pen. Le sociologue des médias Erwann Lecoeur : « Elle crée ce qu’on appelle une dissonance cognitive… C’est pas une intellectuelle, on sent que c’est pas une idéologue… Elle se garde de tout dérapage sur l’égalité des races et sur l’Holocauste. »
15 avril 2004 : l’incroyable pouvoir d’Elie Chouraqui
Reportage d’Élie Chouraqui à Montreuil.
La présentatrice : « Carte blanche à Élie Chouraqui. »
La voix off dans le reportage : « La parole antisémite s’est libérée. »
Élie Chouraqui en plateau : les profs sont formidables, « ils ont emmené les enfants des établissements dans le camp de concentration d’Auschwitz ».
Élie Chouraqui de l’antisémitisme des jeunes de banlieue : « Le Premier ministre m’a dit que c’était un problème qui le concernait évidemment énormément. »
Du coup, Jean-Pierre Raffarin a proposé au cinéaste documentariste « que je vienne dans un comité interministériel pour donner mon point de vue ».
16 décembre 2004 : Jamel « porteur de message »
Les présentatrices Chenu et Joly résument le doc sur Jamel : « Un prénom sur lequel les producteurs n’hésitent plus aujourd’hui à bâtir des films … Plus surprenant, il est aussi un artiste engagé qui est porteur d’un message. » Jamel lutte contre l’amalgame : « Entre Ben Laden et Zidane, y a aucun lien commun. »
24 mars 2005 : la « perfection » de Bertrand Delanoë
Sujet sur Bertrand Delanoë.
Jean Glavany, ami du maire de Paris : « Il faut voir quand on marche dans les rues de Paris avec lui tard le soir comment tout d’un coup il s’arrête, il sort un papier et puis il note que telle place ou telle rue a été mal balayée, cette espèce d’obsession de la perfection, du service des Parisiens, dans tout ça il y a une grande part d’affectif, dans le fond il aime cette ville, il aime ses habitants et il aime agir avec eux et pour eux… C’est un grand tendre, c’est un grand affectif, qui adore rigoler et passer des moments d’amitié et de tendresse, avec ses copains, y a aucun problème… Il m’a dit des choses très touchantes sur mes enfants en me disant qu’il les considérait comme ses neveux. »
28 avril 2005 : « sympathie », chaleur et humour de Michèle Alliot-Marie
Sujet sur Michèle Alliot-Marie.
La voix off : « C’est une tradition, le couple Michèle et Patrick ne rate jamais un spectacle d’Élie Semoun… En fait Élie Semoun et MAM sont amis. »
Les amitiés du ministre de la Défense : « Ce petit groupe de copains (avec Daniela Lumbroso) s’est formés pendant des vacances en Tunisie il y a quelques années. »
Élie Semoun avec ses amis politiques au restaurant : « Nan mais elle est super hein, elle est vachement sympa, elle est chaleureuse, elle a de l’humour, j’aime pas son mari, mais c’est tout. »
La voix off de fin sur des images de MAM descendant de grands escaliers en robe de gala : « Et quand elle cesse de jouer en Défense, la patronne de l’armée redevient une adepte de l’offensive éclair. »
Le 29 mai 2005 : « l’arrogance » des vainqueurs du Non
Sur des images de l’émission de Marc-Olivier Fogiel On ne peut pas plaire à tout le monde, diffusée le 19 juin 2005, le commentaire d’Envoyé Spécial : « L’ivresse de la victoire donne parfois à Jean-Luc Mélenchon des bouffées d’arrogance. »
Le 12 janvier 2006 : la « beauté » d’Olivier Besancenot
Olivier Besancenot lors de son discours à l’université d’été de la LCR à Port Leucate : « Je crois qu’on a construit quelque chose qui est du domaine du bijou politique. »
La journaliste : « Vous en jouez beaucoup de votre côté beau garçon ? »
La voix off : « Olivier Besancenot a même déjà posé sa voix sur un album de rap, sur celui de Monsieur R, c’est le rappeur qui en a eu l’idée, un album au titre prédestiné : Politiquement incorrect. »
12 janvier 2006 : le courage de Sandrine Kiberlain, rescapée
Françoise Joly : « Le portrait de la semaine c’est d’abord une femme qui a su imposer un physique et un style dans le monde du cinéma. Et puis c’est d’abord une voix puisque Sandrine Kiberlain, comme beaucoup d’actrices, chante... Une équipe d’“Envoyé spécial” a suivi la comédienne pendant cinq mois, elle s’est laissé approcher en vacances, chez elle à Paris, ou sur scène, regardez. »
La voix off : « Comme dans toute vie, comme dans toute famille, il y a ses douleurs, profondément cachées. De ses grands-parents expulsés de Pologne, elle apprendra le courage, un héritage qu’elle transmet à sa fille. »
Sandrine Kiberlain, jouant avec un chat : « Il fallait pas être ce qu’on était, c’est-à-dire juifs, comme gitans, il fallait pas. »
21 décembre 2006 : la « sagesse » d’Akhenaton
Sujet sur le leader du groupe IAM.
La voix off : « Akhenaton a la réputation d’être un sage. Il a beaucoup réfléchi, et ça s’entend. »
La voix off de fin : « Il va falloir compter avec les enfants du rap. Ils vont grandir, ils vont voter, un jour ils prendront le pouvoir, au moins le pouvoir culturel, comme les soixante-huitards en leur temps. »
24 mai 2007 : « ceux qui récupèrent la question de l’esclavage » sont antisémites
Sujet peu républicain sur « les Noirs de France ».
Le commentaire : « Il y a ceux qui récupèrent la question de l’esclavage, Dieudonné par exemple, il se dit descendant d’esclaves, or son père est africain, sa mère bretonne, et ses ascendants directs n’ont jamais été déportés d’Afrique.[…] Il reprend parfois de vieux thèmes de l’extrême droite comme celui du complot par exemple, où les juifs domineraient soi-disant le monde et la presse. Ici un rédacteur en chef qui doit refaire sa une après l’appel d’une association juive. » « Plus haineux encore, le racisme de Kémi Séba. »
La voix off de fin, qui sonne comme une menace : « Chacun cherche son passé, c’est un point commun à tous ces mouvements, des plus solides aux plus radicaux, de faire un détour par l’Histoire, pour trouver une place dans la société. Mais si un jour un mouvement noir se créait non pas sur l’Histoire mais uniquement sur la couleur de peau, la République en prendrait un sacré coup. »
4 octobre 2007 : attention aux « pièges de la communication » du Hamas
Françoise Joly au journaliste qui a enquêté à Gaza : « Alors première question, on a envie de savoir si comme journaliste français est-ce que vous avez pu travailler, circuler librement à Gaza et surtout si vous avez pu éviter les pièges de la communication, on voit bien que le Hamas est très tenté de corriger la mauvaise image qu’il a ici, notamment lorsque vous êtes dans la prison. »
Réponse du journaliste : « Et on oublie pratiquement de dire le Hamas a quand même été élu en janvier 2006 à une majorité écrasante, et qu’il y a tout de même une crédibilité démocratique, bien que ce soit une organisation qui effectivement est terroriste et qui était activiste dans le passé. »
3 avril 2008 : à la découverte de Grand Corps malade
Grand Corps Malade, décrété grand artiste, reste modeste : « Chuis pas quelqu’un qui m’raconte trop dans la vie d’tous les jours. »
3 avril 2014 : saucisson et pinard, « marqueurs forts de l’extrême droite »
Reportage à Hayange chez les militants du Front national.
Mathilde Pasinetti, la réalisatrice du documentaire sur Hayange : « Le maire Fabien Engelman en est l’exemple… Il vient de la CGT, du NPA, du parti d’extrême gauche, et il a fait aussi ses classes à Lutte Ouvrière où il nous a dit… Moi c’est à Lutte Ouvrière que j’ai tout appris. »
Anouk Burel, la seconde journaliste : « Il a fait toute sa campagne sur le thème de la défense des ouvriers… Mais dès ses premières déclarations on a vu qu’il reprenait très rapidement les thèmes phare de l’extrême droite… Et à peine élu je me souviens du moment où il a appris qu’il était élu, on était dans la salle des fêtes de Hayange avec Mathilde, il a eu le réflexe de dire je vous invite tous à fêter cette victoire autour d’un apéro saucisson pinard, et ça c’est un marqueur fort de l’extrême droite. »
Dérive totale, ou totalitaire ?
Au départ, Envoyé spécial était une émission de grands reportages, menée par le duo masculin Nahon & Benyamin, deux journalistes férus d’international.
Sans y voir autre chose qu’une coïncidence, elle est aujourd’hui (depuis 2001) animée par le duo féminin Chenu & Joly, qui donnent de plus en plus de place à des sujets « société ». Et quand ces dernières se lancent dans un sujet très politique, le traitement est tel, que les critiques pleuvent. Dans l’émission du 14 janvier 2016, les journalistes responsables d’un sujet sur les mots de Marine Le Pen (« la bataille des mots »), Élise Le Guevel (en plateau) et Ghislain Delaval, ont été pris en flagrant délit de manipulation.
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